PENDANT CE TEMPS  
SEPTIEME PARTIE - NOUVEAU HIT ET SIMON NAPIER-BELL
 

En février 66, une période plus heureuse va débuter avec la parution de "Shapes Of Things" en Angleterre, couplé à "Mr You're A Better Man Than I". Le single prend un envol rapide, matraqué par les radios. Malgré son abord plus difficile, il a assez de potentiel commercial pour balayer sur son passage les autres titres en compétion, il monte à la troisième place, ce qui en fait un succés égal à ses prédécesseurs. Pour les teenagers anglais, c'est une petite révolution dans le monde musical. Un premier goût de ce qui va devenir une passion d'ici peu, la musique psychédélique. Dans ce domaine, les USA sont plus en avance, mais pas encore reconnus. Certains groupes ont déjà compris que si l'on veut battre l'Angleterre, ce n'est pas en les imitant, mais en faisant oeuvre de créateurs. Dans certains coins du pays, se rencontrent ou s'exercent, ceux qui vont devenir les Doors, Jefferson Airplane, Grateful Death ou encore Jimi Hendrix. On commence à parler de San Francisco, la ville qui sera la plaque tournante du mouvement hippie. Les Yardbirds font partie en ce début 66, des quelques groupes anglais qui peuvent encore se poser en conquérants. L'invasion britannique s'essouffle face à ces américains qui commencent une révolution culturelle et musicale, surgie de l'énorme potentiel dont ils peuvent disposer. En attendant, "Shapes Of Things", couplé à "Mr You're A Better Man Than I" et ensuite "New York City Blues", monte allégrement dans les charts américains, culminant à la onzième place. Les Allemands mettent une version alternative de "Pafff…Bum" au recto et lancent le produit sur le marché. La France se décide enfin pour une pochette avec photo en couleurs sur le quatrième EP, qui sort sur Riviera. A noter en passant l'adaptation qu'en fit un certain François Fabrice, où "Shapes" devient "Ca Fait Au Moins Trois Mois". Ce n'est pas tellement en temps que chanteur qu'il perça, mais en perdant son premier prénom et comme animateur de la célèbre émission "La Classe" qui fit les beaux débuts de soirées sur FR3. Sa version n'est en rien un égal de l'original, sans être toutefois ridicule, loin de là. Il en existe bien sûr d'autres reprises dont deux sont très connues. La première, deux ans plus tard, par Jeff Beck sur son album "Truth", vocal Rod Stewart. La seconde sur le "Pin Ups" de Dawid Bowie avec aussi "I Wish You Would", ce qui démontre que le chanteur ne détestait pas le groupe. Avec ce hit, les Yardbirds confirment leur position de force, qui plus est avec du matériel original.

Ce matériel commence à poser un sérieux problème de convivialité entre producteur et artiste. Le groupe veut aller de l'avant et se sent prêt à faire des grandes choses. Le voisinage de Gomelsky devient pesant. Des tas de problèmes commencent à se poser sur sa volonté réelle de poursuivre dans une voie nouvelle. En fait il se contente d'assumer l'image commerciale et le reste lui semble une expérience dangereuse. Par ailleurs, les Yardbirds doutent de sa capacité à les aider efficacement dans la nouvelle image en train de se dessiner. Et puis il y a le reste, les problèmes d'argent notamment. Les disques vendus ont rapporté quand même une jolie somme d'argent, qui ne semble pas tellement emplir les poches des membres, mais plutôt celles du producteur. Le passage à San Remo n'est pas non plus le meilleur souvenir de leur carrière, il en serait même le plus détestable, artistiquement parlant. D'un commun accord le groupe décide de se passer de ses services et d'aller voir ailleurs. Après un arrangement dans lequel Gomelsky garde les droits sur le matériel publié jusqu'à ce jour, c'est un certain Simon Napier-Bell qui lui succède au rang de manager. Cette séparation va entrainer un fait assez rare dans la discographie d'un groupe sixties. Gomelsky, au fil des ans, licenciera ses droits à de nombreux labels à travers le monde. La discographie deviendra un vrai labyrinthe, avec des dizaines de compilations, sur des dizaines de labels différents, le tout souvent publié sans aucune logique avec des pochettes parfois d'un parfait mauvais goût. L'invasion du CD n'a pas ralenti cette mode. Il y a même une publication dans laquelle on a rajouté des instruments sur les bandes originales, le tout masterisé en ADD, c'est dire que le n'importe quoi voisine le n'importe comment. Heureusement, le matériel postérieur sera réédité un peu plus sérieusement.

Dés l'arrivée de Napier-Bell, le vent commence à souffler différemment. Il obtient des avances financières, fait nouveau, pour enregistrer du nouveau matériel. Malheureusement c'est un homme très occupé, il ne sera pas toujours très efficace et considère ses nouveaux poulains comme un élément parmi ceux dont il s'occupe, Marc Bolan par exemple. Malgré tout les Yardbirds vont pouvoir se mettre au travail pour l'enregistrement de ce que l'on peut considérer comme leur premier véritable album, fait de matériel entièrement nouveau. Dans la foulée, l'accent est mis sur les sessions du futur nouveau 45 tours. Ils vont poursuivre, bien sûr, dans la voie expérimentale. Cette fois, l'ambiance aura un goût oriental et le titre en sera "Over Under Sideways Down". C'est un rythme inspiré de "Rock Around The Clock" pour sa base. Le reste est différent et ponctué de "hey" tout au long du disque. C'est bien sûr un nouveau prétexte pour Beck de triturer sa guitare et mettre ses riffs ici et là. L'ambiance vocale sonne sur certains passages, comme un relent de musique mystique, ce qui lui donne ce son et cette ambiance de palais d'orient. Certainement moins complexe que "Shapes Of Things" dans son approche commerciale, cela facilitera son succès presque immédiat, mais d'une longévité moindre. Par rapport aux précédents, il marquera un certain recul dans sa position de classement dans les charts UK, dixième en juin 66. Par contre, il consolidera assez bien la position des Yardbirds aux USA, atteignant quand même la treizième place, un score assez régulier pour eux dans ce pays. Mais une partie de l'étonnement que peut provoquer ce single, viendra de sa face B, "Jeff's Boogie". Beck y prouve une fois de plus que son jeu de guitare est exceptionnel, il illustre par le son, ce qu'il est possible de faire avec une guitare. Ce genre de thème musical a été le prétexte pour nombre de musiciens guitaristes, de montrer ce qu'ils ont dans les doigts. Rappelons-nous de "Shadoogie", des "Guitar Boogie" de Arthur Smith, Bert Weedom, des Downliners Sect. Eh bien ici, Beck joue avec les plus grands et leur montre qu'il faut désormais compter avec lui. suite

ON ECOUTE

These Boots Are Made For Walking

19th Nervous Breakdown

A Groovy Kind Of Love

Michelle

You Were On My Mind

I Can't Let Go

Shapes Of Things

Elusive Butterfly

The Sun Ain't Gonna Shine Anymore

Sha La La la Lee

Barbara Ann

The Sounds Of Silence

ON PARLE D'EUX

Nancy Sinatra

Rolling Stones

Mindbenders

Overlanders

Crispian St Peters

Hollies

Yardbirds

Bob Lind

Walker Brothers

Small Faces

Beach Boys

Simon and Garfunkel

 

 

Shapes Of things dans son édition allemande

 
   
L'édition danoise
 
   
L'édition suédoise
 
   
Le hit parade de Radio London. Les Yardbirds sont no 1!