LES RACINES DES YARDBIRDS  
        RETOUR MENU MUSEUM     JOHN LEE HOOKER (1917-2001)
                BOOM BOOM
LOUISE
               

               

Les Yarbirds ne firent qu'effleurer le répertoire de John Lee Hooker. Leur version soft de "Boom Boom" cède le pas à celle beaucoup plus agressive des Animals, qui mirent nombre de titres de Hooker dans leur discographie. Toutes le reprises antérieures de ce classique portent plus la patte des Animals que celle des Yardbirds. Il est quand même de bon ton de rappeler que c'est plus un enregistrement démo exploité par la suite, qu'une vraie reprise comme c'est le cas pour les Animals. Par contre l'autre titre "Louise," sur l'album est public, est plus tonitruant.
Le parcours de John Lee Hooker, dans ses débuts, ne se différencie pas beaucoup de ses autres contemporains. Natif du Mississipi, il finit par arriver à Chicago pour exercer divers petits métiers durant le seconde guerre mondiale. Comme pour beaucoup de noirs, les soirées sont consacrées à écouter les bluesmen qui hantent les bars et les endroits plus ou moins recommandables de la ville. Sa place à lui est plutôt sur la scène, quand il y en a une, et derrière sa guitare. Il en joue, et il compose des tas de chansons. En 1948, il devient assez rapidement extrêmement populaire avec son enregistrement de "Boogie Chillen" . Au fil des ans, seul ou en compagnie, sous divers noms, il enregistre un sacré nombre de disques sur presque autant de labels. La machine est lancée, elle ne s'arrêra pas pendant cinquante ans. Au fil des sillons sortiront des titres qui forgeront sa légende, "Boom Boom", sans doute le plus connu, "Dimples", Maudie", "I'm In The Mood", "Shake It Baby" parmi tant d'autres. On le copie, on le chante, les plus grands noms se pressent pour enregistrer ou jouer avec lui. Sa discographie est un long fleuve, tantôt calme, tantôt tempêtueux, c'est presque impossible de s'y retrouver. Il est sans doute un des rares bluesmen dont le nom est connu et apprécié par plusieurs générations qui achètent ses disques, par ailleurs très faciles d'accès. Il en existe des centaines de couplages, à tous les prix. De la grande surfaçe au petit disquiare du coin de rue, on est sûr d'en trouver un. On a décerné le titre de roi à beaucoup de bluesmen. Avec sa renommée, s'il n'est pas assis sur le trône, il est certainement juste à côté. Ceux qui ont assisté à son dernier concert peuvent prétendre d'avoir vu la fin d'une légende

     
               
              SLIM HARPO (1924-1970)
              GOT LOVE IF YOU WANT IT
SCRATCH MY BACK (RACK MY MIND)
             

             

Les Yardbirds furent un des groupes qui considéra que le répertoire de Slim Harpo offrait matière à l'exploration. Ce sont quand même les Rolling Stones qui l'immortalisèrent le plus avec l'inclusion de "I'm A King Bee" sur leur premier album. Les Yardbirds en firent de même d'une certaine manière, mais avec "Got Love If You Want It". Par la suite ils immortalisèrent de manière plus conséquente en retravaillant "Scratch My Back" pour en faire "Rack My Mind".
Slim Harpo est bien sûr né en Louisiane en 1924. Il ne s'attarde pas trop sur les bancs de l'école et préfère passer son temps avec une guitare et surtout un harmonica. Contrairement à d'autres grands noms, il reste dans sa Louisiane et devient une sorte de professionnel de la musique vers la fin des années 40. Ce n'est toutefois qu'en 1957 qu'il a l'occasion d'enregistrer son premier disque "I'm A King Bee", couplé à "Got Love If You Want It" sur l'autre face. Cette première réussite aux paroles savoureuses, paraît sous le label Excello avec la bénédiction de JD Miller, un producteur qui deviendra une sorte de légende à son tour. Sa carrière est lancée et son blues avec harmonica, guitare et réverbération devient un forte image de marque. Il aligne les titres et de temps en temps un succès de bonne facture le voit monter dans les charts nationnaux. Ce sera le cas en 1961 avec "Rainin' In My Heart" et en 1966 avec "Scratch My Back", son plus grands succès dans les classements. Ses titres font le bonheur des groupes anglais qui ne se privent pas de mettre Slim Harpo dans leur programme. C'est ainsi que "Got Love If You Want It" sera repris par non seulement les Yardbirds, mais aussi les Kinks et les Who ("I'm The Face"). Rainin' In My Heart sera pour les Pretty Things et "Don't Start Crying Now" pour les Them, reprises parmi d'autres reprises. Jusque à sa mort prématurée en 1970, il se produira constamment devant un public blanc, enchanté de ses prestations.


   
             
              HOWLIN' WOLF (1910-1976)
             

SMOKESTACK LIGHTNIN'

             
             

Un seul titre pourrait-on dire, mais quel titre. C'est l'un des temps forts de l'album "Five Live Yardbirds". Le créateur avoua que la reprise de "Smokestack Lightnin" est la meilleure qu'il a entendue. Il est certain qu'à partir de ce moment là, on retrouva cette chanson dans le répertoire de pas mal de groupes blancs et devint un des gros standards de la musique de Chicago exportée à travers le monde.
Avant de devenir un personnage incontournable, Chester Burnett, son vrai nom naquit dans le Mississipi en 1910 dans un milieu agricole. Il acquit son surnom de Howlin Wolf, suite à son caractère pas toujours très discret. Pour essayer sans doute de le calmer, son père lui achète un guitare. Il fait ses premiers pas de musicien et prefctionne son style. Il a l'occasion de renconter Sonny Boy Williamson ll, qui non seulement devient son beau-frère, mais lui apprend aussi à jouer de l'harmonica. Il a l'occasion de se frotter à un tas de personnages qui évoluent dans les milieux du blues. Il sert dans l'armée américaine durant la seconde guerre mondiale et retourne dans l'agriculture, son véritable gagne pain pour l'instant. En 1948, il monte un premier groupe, mais surtout devient un homme de radio pour une station locale à Memphis. Sa réputation grandissante, il est engagé bien avant Presley par les fameux disques Sun en 1951. La patron de la boîte est un passionné de blues et un des premiers blancs à produire des artistes noirs par admiration. Bien involontairement Howlin' Wolf s'est créé un personnage à la hauteur de son surnom. Son vocal est puissant, sa carrure en fait une force de la nature. Son jeu de scène est impressionnant, il a une présence envoûtante, parfois un peu diabolique. De ses sessions avec Sun en sortira "Moanin' At Midnight" et "How Many More Years", deux classiques de son répertoire et succès appréciales. A noter qu'il y a un certain Ike Turner au piano. Fort de cette réussite, après d'autres tentatives sur deux ans Wolf se dirige vers Chicago, car c'est vraiment là que les choses se passent et que de réelles possibilités sont offertes pour les noirs qui veulent démarrer une carrière. Il se mélange rapidement avec le gratin des disques Chess et rencontre surtout Muddy Waters et le compositeur, bassiste, Willie Dixon. Ce dernier fait un peu tout chez Chess, mais il est surtout un accompagnateur et un compositeur prolifique. Il distille ses compositions, qui deviennent presque toutes des standards, à gauche et à droite. Ainsi Muddy Waters profitera de "Hoochie Coochie Man", "I Just Want To Make Love To You". Un intense collaboration avec Howlin' Wolf lui permettra de créer de nombreux classiques qui portent sa signature comme "Spoonful" (que les Yardbirds jouent parfois sur scène), "Little Red Rooster". Wolf n'est pas en reste et il aligne aussi ses propres standards, "Smokestack Lightnin'" le premier, "Who's Been Talking" et autres. Durant sa carrière chez Chess, Wolf ne fut pas très prolifique, mais la presque totalité de ses enregistrements acquirent une renommée éloquente. Parmi ceux qui ont écouté du blues, qui n'a une fois entendu " How Many More Years", " Evil", " I Asked For Water", " Shake For Me", " Wang Dang Doodle", " Down In The Bottom", " Back Door Man", " Howlin' For My Baby", " Killing Floor", " Sittin' On Top of the World" ?. Sa voix les a un jour enregistrés et même si vous ne les avez pas entendus de cette manière, vous les avez entendus chantés par d'autres. Combien de versions de "Spoonful" de "Smokestack Lightnin'" existent? Sont jouées sur scène? Un nombre sans doute impresionnant.
Durant les sixties, Wolf tournera beaucoup en Europe et aux USA. Sa carrière est d'autant plus visible, que des groupes comme les Rolling Stones ne manquent jamais de vanter ses mérites. En 1971, il aura le plaisir de compter Eric Clapton, Stevie Winwood, Ringo Starr, Bill Wyman et Charlie Watts comme accompagnateurs lors des "London Sessions", C'est une sorte de bel hommage mutuel. Malheureusement sa santé ira en déclinant. Victime de plusieurs attaques cardiaques, il finira par contracter un cancer. Il meurt au début 76, laissant derrière lui assez de regrets pour qu'on lui élève une statue.