LES RACINES DES YARDBIRDS  
        RETOUR MENU MUSEUM       SONNY BOY WILLIAMSON II (? - 1965)
ACCOMPAGNATEURS DE SONNY BOY WILLIAMSON
       

Vous avez à peu près vingt ans, vous aimez une musique en particulier et un musicien qui pourrait presque être votre grand-père est une sorte de Dieu de cette musique. Plus fort encore, un jour vous êtes sur scène pour l'accompagner. Brièvement résumé, c'est ce qui arriva aux Yardbirds (et aux Animals aussi), alors qu'ils n'étaient pas encore des vedettes. Vous ne vous inspirez pas d'une chanson en particulier, vous jouez son répertoire avec lui. De quoi laisser des souvenirs pour toute une vie et aussi quelques traces pour la suite...
Personnage mystérieux, trouble, fantasque. On sait plus de choses sur lui par ceux qui l'ont croisé, que par ce qu'il aurait pu dire de lui. On est même pas certain de sa date de naissance, en 1899, plus probablement en 1908 ou 1912. Son nom d'artiste aussi prête à caution. Son vrai nom est plus certain, Aleck Miller, surnommé Rice. Entre les deux Sonny Boy Willamson, celui qui nous intéresse ici, II et l'autre I, on ne sait pas très bien qui choisit en premier ce nom. Il est certain que le SBW I connut une vraie notoriété avant SBW II . Il enregistra avant lui et fait partie de la première vague issue de ce que le blues eût comme stars originelles, avec Robert Johnson parni les autres élus. Malgré tout, le second, s'il reste un peu plus longtemps dans l'ombre est une partie du bouillon de culture qui mijota dans les premières décennies du 20 ème siècle. Il a toute l'expérience des hobos qui courent les routes poussièreuses en quête d'un improbable ailleurs meilleur. Un caractère cela se forge et pour raconter sa vie, il fait l'avoir vécue. Tout l'esprit du blues...
Né dans le Mississipi. Il est le cadet d'une famille de 21 enfants. Dès son jeune âge, il joue de l'harmonica. En adolescent, il joue dans les églises et est même un peu prêcheur. Son premier public fut les gens de la rue qui parfois mettent une petite pièce dans le chapeau posé à côté. Parfois Robert Johnson est son copain de virée. Par son mariage il devient le beau-frère de Howlin' Wolf. Son talent d'harmoniciste va en grandissant. Il est même capable de jouer en posant simplement l'instrument dans la bouche, sans le tenir avec les mains. Avant que son talent n'explose sur disques, le chemin sera long. Il sera animateur radio, il donnera des concerts avec un orchestre et son visage sera même un logo publicitaire. Il rencontre un tas de monde et aidera un autre grand du blues, BB King à se lancer. Ce n'est qu'en 1951, qui'il enregistre chez Trumpet avec comme guitariste Elmore James. Mais c'est surtout ses disques pour Checker, label subsidiaire de Chess, qui font sa réputation de virtuose et que les musiciens adulent. On retrouve ses titres sur bien des discographies blues revisité par les blancs, " Don't Start Me To Talkin'", " Checkin' Up On My Baby", " Help Me", " Bye Bye Bird", ce dernier repris par les Moody Blues dans une version complètement déjantée, qui eut un succès considérable dans les pays francophones. Grâce aux tournées de l'American Blues Festival, il aura l'occasion d'amuser les foules en Europe et de ses faire accompagner par les Yardbirds. Même s'il est illettré, il ne manque pas d'humour personnel que l'on retrouve parfois dans ses titres. Il adore l'Europe et le fait savoir. Il songe même à venir s'établir ici, d'autant plus qu'il est acceuilli comme un roi. Ce rêve ne sera jamais réalisé. Atteint de tuberculose, il meurt en 1965.
Depuis son culte continue, tous les musiciens s'accordent à lui décerner une palme parmi les joueurs d'harmonica qui ont comptés dans l'art de jouer de cet instrument.

                 
                  ET LE RESTE...
                  PUTTY IN YOUR HANDS (SHIRELLES)
DAZED AND CONFUSED (JAKE HOLMES)
MY BABY (GARNET MIMMS)
                 

Pour satisfaire le désir de Clapton d'interprèter le répertoire noir, les Yardbirds se mettent d'accord pour visiter un titre du répertoire des Shirelles, "Putty In Your Hands". Bien que pas publié immédiatement, il paraîtra sur le premier album US, la version du groupe est assez dans l'esprit de la musique beat de l'époque.
Les Shirelles, groupe vocal féminin noir, est le premier du genre à cartonner dans les charts au début des sixties. Grâce à une composition du duo blanc, Gerry Goffin et Carole King, "Will You Still Love Me Tomorrow", sera un no 1 incontestable. Pendant 3 ans un liste de hits viendra confirmer la présence de plus en plus apparente des noirs parmi les vedettes de premier plan. Elles ouvrirent la voie à d'autres ensembles du genre comme les Ronettes, Crystals, Supremes, Chiffons. Pour les historiens de la musique il ne fait aucun doute que ce style est une des influences majeures laissées par les sixties.

 

Lors d'un séjour à New-York, les Yardbirds découvrent une chanson interprétée par un certain Jack Holmes, "Dazed And Confused". Il décident simplement de la mettre dans leur répertoire et de la jouer en live. Elle n'apparaitra dans la discographie que par le hasard de la publication du second album live, retiré deux fois des ventes par le veto de Jimmy Page. Ce dernier l'introduira dans le répertoire de Led Zeppelin, crédité au groupe. Une longue controverse alimentera les chroniques, car Jake Holmes réclamera des droits sur la chanson.
Jake Holmes, né en 1939, est un chanteur issu du folk-rock avec une touche progressive. Il débute dans un trio en 1964 avec pour partenaire un certain Tim Rose, connu par la suite pour sa création de "Morning Dew". Il passe en solo et enregistre pour la marque Tower, deux albums très rares aujourd'hui. Du premiers est issu le fameux "Dazed And Confused". Sa réputation s'établit surtout dans les circuits folks. Après d'autres essais, Holmes abandonne son job de chanteur et devient extrêmement populaire et demandé en créant des jingles publicitaires. C'est le seul artiste blanc de cette liste qui peut réclamer d'avoir servi d'inspiration évidente aux Yardbirds.

Dans les chansons qui figurent au répertoire des Yardbirds, il en reste encore une qui n'a pas eu un mise en évidence considérable, mais qu'on retrouve ici et là principalement dans les bootlegs et sur le fameux deuxième live. Il s'agit de "My Baby" une création de Garnet Mimms.
Il est né en 1933 et commence à chanter dans les fifities avec des groupes de doo-wop. Il enregistre avec la formation des Gainors une série de disques dans la veine r'n'b. Dans une autre incarnation de ce groupe et sous la houlette de Bert Berns, Garnet Mimms and The Enchanters, obtiennent un gros hit en 1963 (4ème US) avec "Cry Baby" pour le label United Artists. Après deux succès moindres, Mimms entame une carrière solo. C'est en 1967 qu'il enregistre le titre qui nous intéresse "My Baby" qui n'est pas vraiment un succès. Il poursuivra une carrière assez obscure pour finalement cesser d'enregistrer complètement.