LES RACINES DES YARDBIRDS  
    RETOUR MENU MUSEUM   CHUCK BERRY (Né en 1926)
LET IT ROCK
TALKIN' BOUT YOU
TOO MUCH MONKEY BUSINESS
 
 

             

Parler de Chuck Berry après Bo Diddley est une suite presque naturelle, tant leurs carrières respectives se croisent. Il ont maintes fois joué l'un chez l'autre ou avec l'autre. Pendant leur âge d'or, faisant partie du même label, cela a facilité les choses. Les Yardbirds sont sans douter un peu moins perméables au style de Chuck Berry que celui de son collègue. Une bonne partie de ses titres peuvent se classer dans le rock and roll et on ne s'en prive pas. Les Yardbirds n'ont jamais été un groupe de rock dans le sens littéral du terme. A l'époque de leur formation, ce n'est pas le rock and roll qui fut le moteur de leur rencontre, mais bien le blues et tout ce qui gravite autour. Contrairement aux Rolling Stones ou aux Beatles ils n'ont fait qu'effleurer Berry avec trois titres, dont deux sont des démos et le dernier un exercice pour chauffer la salle de belle manière.
Chuck Berry est né à St Louis en 1926. Ayant appris à jouer de la guitare au cours d'un parcours mouvementé qui le vit même faire un séjour en prison, c'est presque âgé de trente ans qu'il est signé par le label Chess, sur une présentation de Muddy Waters. En 1955, il démarre en trombe avec son premier hit "Maybelline". Chacun des ses disques suivants devient pratiquement un classique repris par les rockers. Au fil des ans il enregistre ses morceaux de référence, "Roll Over Beethoven", "Too Much Monkey Business", "Rock And Roll Music", "Sweet Little Sixteen", "Johnny Be Goode", "Carol", succès parmi les succès. Les paroles de ses chansons sont souvent un témoignage sur ses observations du monde des teenagers à l'époque où il les a enregistrés. Après un autre séjour en prison pour détournement de mineure en 1961, il refait surface avec de nouveaux hits à partir de 1963. Il se découvre un nouveau public via les Beatles qui interprètent ses titres avec une certaine réussite. Les Rolling Stones donnent aussi un coup de main qui popularise d'autres titres. En fin de compte le monde entier joue Chuck Berry. On le réclame, on l'admire, on l'imite. Son fameux pas de canard sur scène entre dans la légende. Après un intermède moins créatif entre 1966 et 1972, il quitte les disques Chess, mais y revient en force avec "My Ding A Ling". Ce titre n'a rien de rock and roll, mais il grimpe à la première place du hit parade USA. On le découvre, on le redécouvre, on joue avec lui sur l'album "London Sessions" et pas n'importe qui. Même si le temps passe, il est toujours aussi populaire. A 80 ans il n'arrête pas de donner des concerts, avec le sourire et debout. C'est peut-être plus que tout autre une légende vivante. Et les légendes vivantes, les rockers les aiment, il n'y en a plus tellement dans la course.

 
             
EDDIE BOYD (1914-1994)
FIVE LONG YEARS
             

On peut dire sans trop se tromper que beaucoup d'auditeurs ont découvert pour la première fois "Five Long Years" sur l'album "Five Live" des Yardbirds. Après 1964, sa popularité auprès des teenagers européens n'est pas étrangère à ce petit coup de pouce pas tout à fait hasardeux. Juste une petite visite bien des années après sa création, visite de courtoisie pour cet intéressant bonhomme.
Eddie Boyd est né en 1914 dans le Mississippi. Musicien autodidacte il apprend la guitare et surtout le piano, joue un peu partout dans le delta de la rivière qui donne son nom à l'état. Au début des années 40, il émigre à Chicago. Tout en restant dans la musique, il rencontre et joue avec les noms le plus connus de cette décénie, qui en réalité ne sont pas encore les vedettes qu'ils seront pour la plupart d'entre eux quelques années plus tard. En 1947, il commence d'enregistrer en tant qu'accompagnateur et ensuite comme soliste. En 1952, il est propulsé dans l'actualité blues avec son premier succès "Five Long Years", suivi de "Twenty Four Hours" dans le même style de tempo lent. Il continue une carrière régulière derrière son piano. En 1957, victime d'un accident de voiture, il connait un passage à vide. En 1965, il fait partie de la tournée de l'American Folk Blues Festival, qui lui donne un coup de projecteur. En général les artistes qui font partie de la tournée apprécient l'Europe qui les admire et les traite d'égal à égal. Il décide de se fixer sur le continent. A partir de là, sa carrière deviendra exclusivement européenne. Il enregistre notamment un album avec des musiciens qui figuent parmi la crème des musiciens de blues blanc anglais, Peter Green, John Mc Vie, Ansley Dunbar, Tony Mc Phee, stars en devenir. Il enregistrera aussi avec les Hollandais de Cuby & Blizzards. En 1970, il se fixe définitivement en Finlande tout en apparaissant dans divers concerts et festivals. Il s'éteindra dans ce pays en 1994.
Il laisse en héritage ses textes parfois un peu ironiques et désabusés, son jeu de piano et pas mal de bons souvenirs.

 
             
BILLY BOY ARNOLD (Né en 1935)

I WISH YOU WOULD

           

Les Yardbirds choisirent pour leur premier disque une chanson du relativement obscur (à l'époque) Billy Boy Arnold. Cette chanson "I Wish You Would", si elle fut un choix excellent, arriva peut-être un peu trop tôt pour casser la baraque dans les charts anglais. En 1964, les Beatles et leurs suiveurs occupaient encore les préférences de la jeunesse anglaise. C'est un peu trop nouveau, innovateur. Cela reste malgré tout un départ prometteur. Dans une certaine mesure, il aida le créateur à faire savoir qu'il existait pour ceux qui l'ignoraient.
Billy Boy Arnold est né en 1935 à Chicago. Enfant, il est un ami du grand Sonny Boy Williamson premier du nom, qui lui donne quelques trucs pour jouer de l'harmonica. Suite à son tragique décès, il perfectionne son style sans son aide. En 1952, il enregistre un disque tout à fait obscur pour un petit label. Sa grande chance viendra de son partenariat avec Bo Diddley, qui se concrétisera par sa participation pour son premier disque pour Chess. S'estimant peu considéré par le label, il file signer chez Vee Jay. C'est là qu'il enregistre son fameux titre, ainsi que "I Ain't Got You", qu'il partage avec son copain de label Jimmy Reed, chanson qui arrivera aussi dans le répertoire des Yardbirds. Il s'établit comme un harmoniciste de renom sans toutefois avoir l'aura de Little Walter ou Sonny Boy Williamson II. Elle déclinera même assez vite, malgré des enregistrements éposidiques de qualité. Il abandonne même la musique en tant que métier. Cependant il arrive à se faire une assez bonne réputation en Europe, aidé par les Yardbirds sans doute, mais aussi par David Bowie qui enregistre sa version de "I Wish You Would" dans son album "Pin Ups". En 1979, son album "Checkin' It Out", dans lequel participe Tony Mc Phee est bien acceilli et il montre qu'il a encore la pêche. Il finit par relancer totalement sa carrière et retrouver la chemin des studios pour des albums très appéciés entre deux concerts.
Il est encore aujourd'hui très apprécié et il ne manque pas de souffle malgré son âge avancé et son air de ne pas l'avoir. C'est encore un survivant de la grande époque.

 
           
   
    ERNIE K- DOE (1936-2001)
    A CERTAIN GIRL
           
Au temps du vinyle, chaque disque même le premier, devait avoir au moins un titre sur chaque face. Pour remplir un côté les Yardbirds choisirent un titre assez inconnu d'un chanteur assez connu. Le chanteur est Ernie K-Doe et la chanson "A Certain Girl". Elle fut mise en seconde face, bien que les Yardbirds l'interprètent encore aujourd'hui en la présentant simplement comme premier disque. Comparée à la version qu'en firent les Paramounts, leur version est incontestablement meilleure et puis historiquement c'est une des toutes premières envolées de Clapton sur les cordes de la guitare.
Ernie K-Doe est né en 1936 à New Orleans. Dès son enfance il se destine à une carrière de chanteur. Il n'est pas à classer dans les bluesmen, mais dans la veine rhythm and blues, qui nous donna des chanteurs comme James Brown. Comme beaucoup d'autres il se dirige vers Chicago. En 1954, il enregistre son premier disque suivi régulièrement par d'autres. Toutes ces tentatives ont un succès tout au plus local. En 1961, il touche le jackpot avec "Mother-in-Law", un no 1 US et un hit international. Ce succès est une des premières réussites également pour le compositeur Allen Toussaint, qui deviendra un compositeur-producteur au talent reconnu. Ce titre est enregistré avec la complicité aux parties vocales basses d'un autre inspirateur pour les groupes anglais, Benny Spellman. Son titre le plus connu "The Fortune Teller" sera au menu des Rolling Stones. Ce succès colossal ne sera pas suivi de titres aussi couronnés, "A Certain Girl" en fait partie. D'une certaine manière, Doe affirma la position des chanteurs noirs de plus en plus présents dans les meilleures places des classements, évolution qui se poursuivra au cours de sixties et trouvera son apogée avec la machine à tubes de Tamla Motown. Le créateur du hit restera dans le métier avec des fortunes et alcools divers. Il réussit malgré tout à entretenir une popularité assez constante jusque à son décès en 2001.