PENDANT CE TEMPS   TPOISIEME PARTIE - SECOND SINGLE ET ORIGINALITE
 

Le même mois, Gomelsky, emmène ses protégés au Richmond Jazz & Blues Festival. Le jour avant, Keith Relf tombe sérieusement malade, il souffre d'asthme assez sévèrement et doit être hospitalisé pendant plusieurs semaines. Pour le remplacer, officieront Mike Vernon et Neil Ford membre des Authenthics, un groupe connecté avec Gomelsky et les Yardbirds. Ce contretemps ne laissera pas un grand souvenir du festival. Ils profitent pour retourner en studio préparer le single suivant. Ils mettent dans une forme studio, "Good Morning Little Schoolgirl", en fait l'accompagnement, que Relf complètera plus tard vocalement. Les événements, ici l'absence du chanteur, ont parfois une incidence déterminante sur le destin. Pour complèter leur temps de studio alloué, sur une idée de Gomelsky, ils décident d'enregistrer un instrumental. Attribué à Gomelsky sous le pseudonyme de O. Rasputin, "Got To Hurry" sera une des premières réussites des Yardbirds dans la création de quelque chose de plus personnel. Ce n'est pas tant au niveau de la nouveauté mélodique qu'il se signale, mais plutôt du son. On est en effet bien loin des Shadows ou des Tornados. Il en existe au moins 4 prises, qui apparaîtront au fil des compilations, mais la troisième sera la plus courante. John Mayall dira plus tard, qu'il a engagé Clapton dans les Bluesbreakers, sur la réputation de ce titre. En attendant le retour de Keith, ils tournent avec Billy J Kramer et ses Dakotas en pleine popularité, ce qui ne peut manquer de leur attirer un public supplémentaire. Fin septembre le chanteur est de retour et ils font quelques dates avec les Kinks en octobre. Retour au studio pour complèter le second single, vocalement d'abord et ensuite pour enregistrer le second titre. Ce cera "I Ain't Got You" piqué chez Jimmy Reed. Il sera incontestablement le phare du single. Eric Clapton produit un soli de guitare digne de ce qu'il est capable. Publié en novembre, il fera le fond des charts, mais ne décollera pas vraiment. Le fait que Rod Stewart aie enregistré une très bonne version de "Good Morning Little Schoolgirl", un peu avant n'aidera pas son décollage. Il ne sera pas publié aux Etats-Unis.

 

ON ECOUTE

You're No Good

House Of The Rising Sun

You're My World

Hello Dolly

Do Wah Diddy Diddy

Tobacco Road

You Really Got Me

Have I The Right

She's Not There

I'm Into Something Good

As Tears Go By

I Get Around

A Hard Day's Night

It's All Over Now

Oh Pretty Woman

I'm Crying

Always Something There To remind Me

ET ON PARLE D'EUX

Swinging Blue Jeans

Animals

Cilla Black

Louis Arnstrong

Manfred Mann

Nashville Teens

Kinks

Honeycombs

Zombies

Herman's Hermits

Marianne Faithfull

Beach Boys

Beatles

Rolling Stones

Sandie Shaw

 
  GRAHAM GOULDMAN
 

Columbia sait très bien que les Yardbirds sont un groupe prometteur. Leurs copains de label et frères musicaux, les Animals, ont réussi un grand coup pendant l'été avec "House Of The Rising Sun". Toutefois pour cela, ils ont dû abandonner un peu les reprises de standards américains de l'école noire. Une certaine pression se fait sur les Yardbirds pour qu'ils cherchent ailleurs un titre qui va vraiment lancer leur carrière. Ce n'est en rien dans les vues de Clapton qui ne tient pas à renier ses racines musicales. Un ou deux essais studios seront faits avec ce que leur guitariste peut tolérer. Manfred Mann est pressenti pour produire un titre de Mojor Lance, "Sweet Music" qui peut présenter un certain attrait commercial. Un autre essai est fait avec "Putty In Your Hands" des Shirelles. Les origines noires des titres peuvent satisfaire Clapton, mais ce n'est pas vraiment ce que recherche Columbia. Les titres sont enregistrés et mis en attente. Entretemps les tournées continuent, le plus souvent en ouverture de groupes plus connus. C'est justement avec les plus connus, les Beatles, que viendra le coup de main du destin. Pendant trois semaines, ils figurent à l'affiche du "Beatles Christmas Show", sorte de grande fête musicale orchestrée par les Quatre de Liverpool. C'est là qu'ils rencontrent un certain Graham Gouldman, compositeur inconnu de Manchester. Il fait écouter une maquette d'un titre qu'il a écrit "For Your Love". Chacun est intrigué par cette chanson et s'accorde à dire qu'avec un bon arrangement, cela pourrait faire des dégâts. Paul Samwell-Smith, qui est aussi un directeur musical pour ses copains, se charge du travail. Il est décidé, avec l'aide de musiciens de studio d'inclure un clavecin trafiqué, joué par Brian Auger, des bongos et une violoncelle. Le titre est mis en boîte au début 1965. Pour Clapton, c'est le coup de grâce, il n'aime pas ce titre et le fait savoir, accuse les autres de devenir commerciaux. Déjà pas mal distant depuis un certain temps, il quitte les Yardbirds en février 1965, pour suivre une carrière que l'on ne peut qu'admirer, malgré des hauts et des bas.

 
  JEFF BECK  
Différentes publications de "For Your Love"
La place de soliste est libre et il faut trouver un personnage digne de prendre la rélève. Dans l'optique des membres, il faudrait non seulement un guitariste de talent, mais aussi quelqu'un qui peut apporter un côté expérimental et progressif dans le son du groupe. Car il ne fait pas de doute, la recherche de nouveaux sons est à la une de tous les studios. Les Yardbirds approchent Jimmy Page, une déjà vieille connaissance, qui hante tous les studios anglais. Depuis deux ans, il a participé comme musicien de session à un tas d'enregistrements, dont certains couronnés de succès. Il est capable de jouer à peu près n'importe quoi et se fond dans la masse avec l'aisance d'un professionnel. Toutefois ce dernier n'est pas chaud pour rejoindre le groupe. A sa décharge, les Yardbirds sont un groupe reconnu, mais l'avenir est encore incertain. A ce jour, ils ont seulement un album et deux singles à leur actif, pas vraiment en tête des best sellers. De plus ils assurent pratiquement tous les jours, une date de concert. Finalement Page préfère la sécurité et la relative tranquilité des studios, surtout qu'il est très demandé. Il décline l'offre, mais propose un copain qui lui semble répondre aux critères de sélection. C'est un certain Jeff Beck, guitariste et membre de petits groupes éphémères, de renommée inégale. La première apparition de Beck est un moment d'anthologie dans l'histoire des Yardbirds. Le garçon qui leur est présenté ressemble plus au ferrailleur de la décharge municipale, qu'un dandy qui fait ses courses à Carnaby Street. Il a une bonne excuse pour lui, c'est un passionné de voitures et un bricoleur qui préfère la clef à molette aux cordes de sa guitare. Il a sans doute appris la mécanique, mais il est né guitariste. C'est l'évidente constation que chacun peut faire lors de cette première rencontre. Il est capable de jouer, tout ce que jouait Clapton et avoue s'abreuver aux mêmes sources. Mais chez lui, ce n'est pas une idée fixe. Il aime bien jouer et rajouter une petite touche personnelle dans ce qu'il interprète. Engagé, il remplace Clapton au pied levé et se fond immédiatement dans le groupe avec la bénédiction des autres. Très vite il apporte un souffle nouveau au sein de l'équipe et n'arrête pas d'expérimenter de nouvelles techniques avec sa guitare. Aujourd'hui, la plupart des fans s'accordent pour dire que l'ère Jeff Beck fut la plus innovatrice, celle qui fit des Yardbirds l'un des groupes les plus estimés des sixties. Mais c'est aussi parce que règnait une excellente alchimie entre chacun d'eux, du moins musicalememt. Le décor est en place et la pièce peut commencer. suite