PENDANT CE TEMPS | PREMIERE PARTIE - PREMIERS FROISSEMENTS D'AILES | ||||||||
Londres 1963 – Nous sommes au Railway Hotel. Sur scène, il y a le Metropolis Blues Quartet. Ce nom n'évoque pas encore grand chose pour un étranger qui se trouverait là. Pourtant dans la salle, un public de connaisseurs apprécie la performance de l'orchestre. Ce n'est encore qu'un cercle restreint d'amateurs éclairés. Seuls les plus perspicaces pourraient se douter qu'ils ont en face d'eux, l'un des groupes les plus prometteurs des sixties, un de ceux que l'on nomme avec plaisir dans les discussions de spécialistes. A ce moment là, rien n'est définitif, tout peut encore changer, il suffit parfois d'un rien, être ailleurs, être ici. Une autre place et un autre nom sont quelquefois nécessaires pour allumer les feux de la gloire. Le futur peut commencer. Devinons le futur en s'inspirant du passé. A la fin des fifties les élèves des écoles anglaises se passionnent pour un tas de choses, le sport, les filles, les bagnoles, et un nombre grandissant pour la musique accessible chez soi via quelques galettes de vinyle. Dans cette constellation d'amateurs, certains tentent de mettre en pratique les rudiments du solfège. Le matériel est souvent archaïque et l'on tente si possible de reproduire le chansons des idoles d'alors. Certains se débrouillent mieux que d'autres et persévèrent dans l'apprentissage de futur musicien. Deux personnages nous intéressent plus particulièrement. Le premier, Chris Dreja est présenté par son frère au second, Anthony Topham. L'un joue de la guitare, l'autre du piano. Ils ont maintenant l'habitude de jouer ensemble avec un troisième bonhomme, Dave Holt, qui possède déjà une certaine expérience, acquise avec un copain du nom de Eric Clapton. Du haut de ses 15 ans, ce dernier peut prétendre faire jeux égal avec un guitariste de bon niveau. Pour l'instant il est membre d'un groupe obscur, les Roosters, dans lequel figure un personnage qui aura son heure de gloire par la suite, Tom Mc Guiness, futur Manfred Mann. Pour l'instant Dreja et Topham ne sont pas moins qu'en admiration devant Clapton et ils désirent acquérir un niveau qui leur permette de jouer avec ce dernier. Le style de musique fait l'unanimité, ils sont tous passionnés de blues. Dans un autre coin de Londres, d'autres garçons ont la même passion, jouer de la musique. Il y a parmi eux, Paul Samwell-Smith, Keith Relf, Jim Mc Carty. Comme d'habitude dans ce genre de rencontres, les changements sont fréquents, un part, un autre vient, un va rejoindre l'autre et ainsi de suite. Le temps passe, mais au fil des départs et des arrivées, on finit par voir apparaître dans les brumes londoniennes, un groupe du nom Metropolis Blues Quartet. La dernière incarnation est celle qui nous intéresse. Elle est celle qui va faire la légende, du moins pour quatre d'entre eux. Nous retrouvons devant le micro, Keith Relf, en compagnie de son harmonica. Le guitare solo est tenue par Top Topham, qui a abandonné son prénom. La guitare rythmique est l'affaire de Chris Dreja, devenu maître de son instrument. Le bassiste, Paul Samwell-Smith, n'est pas le moins présent. Assis derrière sa batterie, Jim Mc Carty, l'éternel survivant des futurs Yardbirds. Ce n'est pas encore les jours fastes, les moyens sont encore limités, mais la route s'ouvre. Les concerts sont de plus en plus nombreux et parfois une poignée de billets de banque est distribuée, juste de quoi payer les frais. Par contre, ils gagnent beaucoup en renommée. Celle-ci va grandissante. Sur scène, ils ne jouent pas vraiment quelque chose de personnel. Le répertoire est emprunté aux bluesmen noirs dont les noms figurent sur les labels de disques qu'ils écoutent à la maison. Un beau jour ils estiment que le nom du groupe n'est pas un phénomène d'originalité et décident d'en changer. Comme ces jeunes anglais lorgnent vers l'Amérique, c'est un nom bien de là-bas qui est adopté, les Yardbirds. Plus qu'un nom, c'est un terme d'argot qui désigne les vagabonds qui hantent les gares et en font leur domicile. Forts de ce nom, ils se mettent en quête de nouveaux endroits pour se produire. Après une rencontre avec Cyril Davies, ils sont engagés dans un endroit assez réputé, le Eel Pie Island. La réponse des spectateurs est plus qu'encourageante et leur donne le droit de se produire hebdomadairement dans l'endroit. Financièrement ils commencent à voir l'argent arriver, même s'il faut parfois jouer pendant trois heures. |
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ON ECOUTE SHAKIN ALL OVER APACHE CATHY'S CLOWN IT'S NOW OR NEVER PLEASE DON'T TEASE RUNAWAY THE YOUNG ONES THE TWIST WONDERFUL LAND TELSTAR LOVESICK BLUES LET'S DANCE WALK RIGHT IN DIAMONDS SUMMER HOLIDAY HOW DO YOU DO IT FROM ME TO YOU SWWETS FOR MY SWEET BAD TO ME SHE LOVES YOU YOU'LL NEVER WALK ALONE DO YOU LOVE ME BE MY BABY MEMPHIS TENNESSEE ET ON PARLE D'EUX Johnny Kidd Shadows Everly Brothers Elvis Presley Cliff Richard Del Shannon Chubby Checker Tornados Frank Ifield Chris Montez Rooftop Singers Jet Harris and Tony Meehan Gerry and the Pacemakers Beatles Searchers Biily J Kramer and the Dakotas Brian Poole and the Tremoloes Ronettes Chuck Berry
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GIORGIO GOMELSKY | |||||||||
Etre un nom en vue ne signifie rien, si l'on veut devenir des stars. Ce n'est pas tellement que les Yardbirds veulent devenir des vedettes, mais ils n'ont rien contre. C'est souvent dans ces moments là que le hasard frappe à la porte. Toutes les histoires qu'ils ont vécues jusque là, un autre groupe les a vécues, à peine différemment. Il s'agit des Rolling Stones bien sûr. A Richmond, leur fief fut le Crawdaddy, un club très dans l'air du temps. Quand ils abandonnent la place, carrière oblige, la place est à pourvoir. Les mentors des lieux, Hamish Grimes et surtout Giorgio Gomelsky, cherchent des successeurs aux Stones. Leur optique est de rabattre un groupe dans la même lignée et aussi fort que les prédécesseurs. Un audition est prévue avec les Yardbirds et Gomelsky est impressionné, au point de les engager comme résidents. Il devient également leur manager, malgré la candidature de Brian Jones par trop occupé avec la machine des Rolling Stones lancée à bonne allure. Le jeune Top Topham ne profite pas longtemps de cette nouvelle manne. Il est rappelé à l'ordre par ses parents qui préfèrent le voir à ses études, plutôt qu'en guitar hero. La question de son remplacement est assez vite réglée avec la venue de Eric Clapton, une quasi vieille connaissance qui prend le poste sans discuter. Depuis sa rencontre avec Dreja, il n'est pas resté dans son coin. Il a joué ici et là avec notamment, Casey Jones et les Governors. Lorsque ce groupe veut tenter l'aventure en Allemagne, Clapton décide de rester dans son pays. A leur décharge, il faut souligner qu'ils deviendront des stars dans les nuits de Hambourg. C'est une autre histoire et le jeu du destin, qui profitera sans doute encore plus à Clapton. |
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ERIC "SLOWHAND" CLAPTON | |||||||||
Sa venue est sans doute ce qui peut arriver de mieux. Il n'est pas encore au sommet de son art, mais c'est un guitariste ambitieux, soucieux de perfectionner sa technique. Il est aussi un puriste du blues, qui sera la cause de son départ plus tard. A présent, Gomelsky peut rêver de faire accéder ses poulains à la notoriété. Il a quelques cordes à son arc. Comme beaucoup de promoteurs, il a déjà, par le passé, fait tourner des bluesmen en Europe. Dans ce domaine sans doute, l'événement le plus médiatique sont les fameuses tournées de l'American Folk Blues Festival. Principalement axées sur l'Allemagne et filmées pour la télévision, les promoteurs en sont Horst Lippman et Fritz Rau, que Gomelsky connaît bien. Ces shows amènent une partie de la grosse artillerie du blues noir. Bien qu'encore peu connus du grand public européen, ils n'en sont pas moins adulés par une minorité. Le moindre des noms font rêver des musiciens parmi lesquels les Yardbirds ne sont pas les derniers. Après discussion, Lippman accepte de financer un futur enregistrement dans lequel Sonny Boy Williamson II, sera accompagné par les Yardbirds, inclus quelques concerts. En attendant les Yardbirds se donnent à fond. Clapton est gratifié du surnom de "Slowhand", par le fait qu'il prend son temps pour changer les cordes de sa guitare qui cassent pendant les concerts. En attendant l'audience frappe patiemment des mains. Les concerts au Crawdaddy occupent la plupart de leurs temps de scène. Enchaînés avec les répétitions encore nécessaires pour le perfectionnement de leur style, cela correspond à une occupation à plein temps, qui leur permet de passer professionnels. A partir de cet instant, plus personne n'aura d'autres activités que celles liées à la musique. Au début décembre 1963, Sonny Boy Williamson rencontre les Yardbirds. C'est un personnage: musicien acclamé, il est plus facile de l'écouter que de jouer avec lui. Quand il n'a pas son harmonica à la bouche, il est allégrement remplacé par un goulot de bouteille de whisky. C'est sa manière de soigner les maux que lui procurent les quelques dents qui lui restent. Il joue ses chansons dans l'ordre et dans la tonalité qu'il a choisi et ce n'est jamais deux fois la même chose. Inutile de prévoir un programme, il est illettré. Bien sûr les Yardbirds se débrouillent comme ils peuvent, pour eux c'est une fierté sans être nécessairement un cadeau. Quelques bandes sont enregistrées, dans le but futur d'éventuellement les publier. Le résultat ne témoignera en rien de la virtuosité des Yardbirds, Clapton ne démontre pas grand chose et Relf est inexistant. Le seul vrai bénéfice reste une bonne expérience dans les qualités d'improvisation demandées aux artistes dans certaines circonstances. suite |
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