Les afficionados du garage punk US ont sans doute une fois ou l'autre étudié le parcours des Rising Storm. Comme beaucoup d'histoires muiscales qui débutent dans les sixties, il y a avant tout une certaine envie de faire commes les autres. Les lieux de rencontres sont immuables, le campus des universités n'en est pas le moins rassembleur. La ville d'Andover dans le Massachusetts a aussi son université, creuset des futurs cerveaux qui iront porter le savoir aux quatre coins de l'horizon. Mais il y a toujours des exceptions parmi les étudiants qui ne rechignent pas à acquérir un certain bagage, mais qui sont foutrement plus intéressés par les apparitions dans le Cashbox de leurs idoles favorites. En 1965, cinq de ces gailards passent leur temps libre à mettre en forme quelques idées musicales à coups de guitares, d'orgue et de batterie. Ce sont Tony Thompson (leader, lead vocals, guitare rythmique), Bob Cohan (lead guitar, chant), Todd Cohen (bass , chant), Charlie Rockwell (orgue, piano électrique, chant), Rich Weinberg (guitare, tambourin, harmonica, cowbell, chant), Tom Sheft (batterie, bongos, tambourin). Les études ne sont pas délaissées, mais la musique est très présente. A force de répétitions, de reprises des titres qui leur paraissent digne d'intérêt, et aussi de quelques titres originaux, une certaine maestria prend forme. En 1967, la fin des études approchant et sous l'oeil sévère des parents, ils veulent quand même prouver au monde qu'ils existent muiscalement. Le meilleur moyen est d'enregistrer un disque. Mais les grands producteurs et les maisons de disques ignorent leur existence, ils n'ont d'ailleurs rien fait pour changer vraiment cet état de fait. Alors ce sera un disque, un album autoproduit. Enregistré dans les studios Continental de Framingham, ils investissent 1000$, prix à payer pour publier 12 titres, emballés sous le titre "Calm Before The Rising Storm" et pressé à 500 copies. C'est à ce moment là que commence la légende. Pour un groupe qui n'a pas tout à fait suivi le parcours traditionnel, menant études d'un côté et musique de l'autre, le résultat est pour le moins splendide. Au fil des plages il revisitent les Remains, les voisins de Boston dans leur titre phare "Don't Look Back", Love dans un de ses atouts "A Message To Pretty", le standard R'n'B "In The Midnight Hour" et dans une version très déjantée, "Baby Please Dont' Go" qui a conquis plus d'un coeur depuis que les Them l'ont inscrite dans les charts et que les Amboy Dukes l'ont "garagisé". C'est un régal. Non seulement les reprises sont concluantes, mais l'album propose des originaux de caractère comme "I'm Coming Home", qui a de nombreux adeptes chez les fans. La totalité de l'album baigne dans une lumière garage- psychédélique avec parfois des essais plus intimistes comme "The Rain Fall Down".
Dire que l'album se vendit à un million d'exemplaires est une plaisanterie, les copies n'étant que de 500, mais les heureux possesseurs et auditeurs ont tout fait pour le propulser parmi les joyaux d'un style de musique devenu mythique, certainement plus attachant que tous les tubes nostalgiques qui ne peuvent que revendiquer cette cathégorie. Les classes terminées, forts de leur testament musical, le groupe n'a pas immédiatement donné suite à son envol et la tempête s'est calmée. En arrière plan, petit à petit les commentaires sont allés bon train, grossissant la légende des découvertes à faire et à refaire, sans jamais lasser.
L'arrivée du punk dans les seventies, plus tout à fait garage, mais puisant dans les racines sixties de ces petits groupes éphémères ont remodélé le paysage musical avec sa cohorte de chercheurs, d'analystes, et de simples amateurs. De cet héritage, quelques noms, quelques albums ont vite fait partie des incontournables jalons de l'ambiance d'une époque. Des magazines branchés, des fanzines ont nommés les élus, Rising Storm en fait incontestablement partie. L'encensement des critiques ont fait renaître le groupe épisodiquement. Ils remettent ça avec "Alive Again In Andover" en 1983 et sous la houlette de Erik Lindgren, mentor de Arf Arf records et bassiste occasionnel du groupe et seul membre non original pour la tournée 2007, il publient un nouvel album en 1999 "Second Wind". Ici et là au fil des ans ils font de la scène, ils entretiennent la flamme et cela n'a rien d'un feu-follet. Pour 2007, ils nous font le plaisir de venir en Europe pour quelques dates. Alors profitons-en, ce sont des légendes à plus d'un titre. Mon seul regret sera de ne pouvoir aller leur dire bonjour et de les écouter. Et ça c'est vraiment pas une formule de politesse dans mon esprit.