LES PETITES HISTOIRES

 

Chaque artiste a une vie plus ou moins publique. C'est ce que l'on peut observer en les rencontrant, en lisant les journaux, en écoutant les rumeurs ou en analysant une carrière. Bobards sans fondements, histoires d'arrière plan ou simplements actes de la vie de tous les jours, personne n'y échappe. Vous l'aurez sans doute remarqué, un chanteur qui déclare être contre la guerre a forcément plus de poids que l'avis de l'homme de la rue. Loin de toutes ces considérations ou peut-être en plein dedans, voici quelques faits qui concernent les Yardbirds. En somme la petite histoire...

Assez étrangement les Yardbirds n'ont jamais obtenu le moindre disque d'or. Contrairement à certaines chansons depuis longtemps oubliées.
Les Yardbirds avaient bien sûr un fan club. La secrétaire de ce club n'était autre qu'une certaine Julie Driscoll. Elle devint une chanteuse assez populaire par la suite sous la houlette du même producteur que le groupe, Giorgio Gomelsky, qui se consola à sa manière d'avoir perdu le groupe qui fit son renom. Elle s'envola en compagnie de Brian Auger, autre personnage de l'équipe qui jouait du clavecin dans "For Your Love". Presque une histoire de famille.
En 1965 la revue Music Echo publie ses classements annuels basés sur la fréquence des apparitions dans les charts et la hauteur des places atteintes. Les Yardbirds sont cinquièmes, derrière les Beatles (1), Rolling Stones (2), Seekers (3),Ken Dood (4), devant Sandie Shaw (6), Hollies (7), Manfred Mann (8), Animals (9), Fortunes (10).
Dans le même style les Beat Instrumental's 1965 Gold Star Awards, placent Jeff Beck en second derrière Hank Marvin des Shadows, mais devant George Harrison, dans la cathégorie solistes. Les guitaristes rythmiques voient fugurer Chris Dreja à la sixième place derrière John Lennon et Brian Jones, mais devant Ray Davies des Kinks. Les bassistes mentionnent Paul Samwell-Smith en septième devant John Entwistle de Who avec en tête Bill Wymann, Chass Chandler qui bat Paul Mc Cartney.

       
     

Parmi les premières dates de concerts à l'étranger figure la Suisse, comme en témoigne l'affiche ci-contre. On peut noter que les Yardbirds séjournèrent une semaine au Lido de Locarno. En voyant le programme qui leur est assigné, on peut aisément deviner qu'ils sont encore au début de leur carrière. A noter que ces dates eurent lieu sans Keith Relf, immobilisé en Angleterre par la maladie. C'est Mick O' Neill qui le remplaça
Merci à Sam Mumenthaler de m'avoir transmis cette affiche.

     
     
Quand les Yardbirds abandonnèrent le titre de groupe résidentiel au Marquee Club pour cause de succès grandissant, Giorgio Gomelsky lança une autre formation sur la scène. S'incrivant dans la même lignée musicale, Gary Farr and the T-Bones tenta de s'imposer sur la route de ses prédécesseurs. Malgré quelques titres intéressants, ils ne décollèrent pas vraiment. Les pièces originales font le bonheur des collectionneurs.
La discographie française des Yardbirds est réputée pour ses anachronismes au niveau des éditions. Pour rester dans le ton, quatres titres de Gary Farr, publiée via le même circuit de licence signé par Gomelsky avec le label Barclay-Riviera aboutit à une nouvelle bourde. Ce sont les Yardbirds qui figurent sur la pochette
   

Le père de Keith Relf fut aussi le road manager des Yardbirds. Il ne faut pas croire que les parents de cette époque étaient contre tout ce que leurs enfants faisaient.
Les Yardbirds firent la première partie du concert des Beatles au Palais des Sports à Paris en 1965. C'est à peine s'ils les apercurent.
Lors d'un concert à Southhampton, les Yardbirds égarèrent les bongos qui leur servirent dans "For Your Love". Grâce à deux adolescentes de 15 ans, ces bongos furent retrouvés. Pour les remercier, le groupe leur envoya deux billets de train pour Londres. Elles purent ainsi passer la journée avec leur idoles, juste au moment où ceux-ci mettaient en boîte "Heart Full Of Soul". Elles déclarèrent que c'était le jour le plus excitant de leur vie.

 
       
     

Dans ce que l'on pourrait classer comme pièces exotiques dans la discographie desYardbirds, il y a les éditions qui viennent de pays dont on est parfois étonnés qu'elles existent. On est pas trop surpris par des pressages en provenance de l'Inde (plusieurs éditions répliques des anglaises), un peu plus par un pressage tunisien de "Still I'm Sad/Evil Hearted You" (sans pochette illustrée), mais il y a mieux. La pochette figurant ci-dessus est celle d'un pressage fait en Iran dans les sixties. En une sorte de petite compilation, on trouve les Yardbirds et "Still I'm Sad" avec deux titres d'Adamo et un de Gerry et les Pacemakers "You're The Only Girl For Me", un extrait de l'album, bande du film, "Ferry Cross The Mersey". La pochette n'a vraiment aucun rapport avec le disque, on aurait pu y trouver la photo d'une fusée que cela ne nous aurait point dérangés. La côté professionnel est laissé en option. Les Yardbirds sont orthographiés Yard Birds. Au verso où figurent des rappels, on attribue "Sunny Afternoon" aux Rolling Stones. Par contre une autre publication contient "Mr You're A Better Man Than I". On imagine un souk et le genre de conversation:
-Ji voudrai d'li mousik di Yairbirr mon fraiire...

   
   

Dans une pléthore de rééditions, compilations posthumes, un grand nombre ne brille pas par l'originalité. Parfois un éditeur un peu plus avisé fait son brainstorming pour publier quelque chose d'un peu plus attrayant.
Pour l'exemple, cette boîte métallaique dans le style tabac pour la pipe, contient un CD qui couvre quelques titres de l'ère Clapton. Publiée en 1994, on la trouvait assez facilement dans les promotions des grandes surfaces

 

   

Le fan qui cherche à mettre dans sa collection un maximum de pièces des Yardbirds, risque bien de louper celle là, s'il ne la connait pas. Qui songerait en effet à rechercher sous ce paysage bucolique une réédition de l'album "Five Live Yardbirds" par ailleurs incomplète et ne respectant pas l'enchaînement des titres?
Le fan est mis en garde au verso que l'illustration est un concept purement commercial et ne saurait être représentative de l'artiste. Merci de la mise en garde, surtout destinée à l'idiot de service qui aurait envie d'écouter du folklore montagard. Musiciens, du haut de ces montagnes quatre décénies vous contemplent!

   
                     
     
       
Cette photo montre un groupe italien assez connu, I Ribelli. Ils furent, entre autres, le groupe attitré du très célèbre chanteur Adriano Celentano. Le monde étant toujours petit, si on observe bien la batterie qui est à droite sur la photo, on remarque qu'il s'agit de celle des... Yardbirds
       
Sur l'album "Five Live Yardbirds" un observateur attentif aura sans doute remarqué que la quatrième chanson de la face 2 est "I'm A Man" et que la chanson est attribuée à Pomus-Shuman, c'est à dire le célèbre tandem Doc Pomus et Mort Shuman. La chanson interprétée ici est pourtant bien la chanson de Bo Diddley, écrite et composée par lui-même. Il s'agit d'un plantage au niveau des copyrights, car il existe bel et bien un chanson de ce titre composée par le duo et enregistrés par Fabian, le rocker édulcoré de la fin des fifties. Cette erreur perdurera longtemps dans la discographie, on la retrouve notamment sur le EP français, sur l'album américain "Having A Rave Up", où la chanson figure deux fois, en live et en studio. Les Américains qui ont l'habitude de faire figurer les détenteurs des droits indiquent "Frankie Avalon Music" (copain d'écurie de Fabian) , alors que Chess est représenté par Arc Music. Espérons quand même que Bo Diddley à touché ce qu lui revenait de droit.
       
Les plantées n'existent pas que dans la discographie française. Voici un exemple tiré d'un CD édité en Allemagne en 1999. Dédié aux Troggs et compilation des hits. La pochette arbore une magnifique pochette photo des Yardbirds très souriants. Sûr qu'ils se marraient déjà de cette erreur...
       
Cette affiche est l'annonce d'un show qui a eu lieu près de Liverpool le 8 décembre 1965. Organisé par la célèbre station de radio pirate "Caroline", l'affiche est alléchante pour tout fan de british beat. En y regardant d'un peu plus près, on peut constater que toutes les vedettes qui sont à l'affiche sont ou peu connues ou sur le déclin, exception faite des Yardbirds. Les Four Pennies furent no 1 en 1964 avec "Juliet" depuis plus grand chose. Brian Poole et les Tremeloes ont plutôt connu une année creuse avec des hits modérés, il se sépareront un peu plus tard. Les Honeycombs, un peu le chant du cygne de leur producteur Joe Meek, font comme lui, ils s'effacent. Twinkle qui a triomphé avec son hit "Terry" a connu beaucoup moins de succès par la suite. Paul and Barry Ryan devront se scinder en deux pour devenir célèbres avec "Eloise". Gary (et non pas Garry!) Farr et les T Bones, successeurs des Yardbirds au Marque Club, ne parviennent pas vraiment a démarrer, même avec l'aide de Giorgio Gomelsky comme producteur. Marl Leeman Five, groupe assez prometteur, a eu son élan stoppé par la mort de son leader cette année là dans un accident de bagnole. Billie Davis, la petite amie de Jet Harris des Shadows, connut un certain succès comme chanteuse, sa carrière fut compromise aussi par un grave accident de voiture avec Jet en 1963. Depuis elle connut des fortunes diverses, mais chante encore aujourd'hui. Les VIP'S portaient assez mal leur nom à cette époque. Ils furent pourtant par la suite plus que vénérés avant de devenir finalement Spoky Tooth. Ronnie Jones, un futur célèbre DJ, malgré un passage chez Alexis Korner, n'est pas encore une star. Les Vagabonds connaîtront une certaine notoriété avec Jimmy Janes.
Ce spectacle offrait la possibilité de voyager en train de Londres à Liverpool avec les vedettes qui y participaient. Pour les Yardbirds ce fut un marathon. Après une vingtaine de minutes de concert, ils partaient immédiatement pour des dates aux USA. C'est peut-être durant ce séjour, mais c'est un sujet controversé, qu'ils mettent au point "Shapes Of Things".
 
       
De quoi se passer le temps en faisant tourner "For Your Love" sur sa platine et en attendant que ce jeu devienne aussi le titre d'une chanson pour le chant de Relf. Le merchandising était assez discret dans les sixties , mais il existait quand même. C'est sans doute avec les cartes postales disque souple des pays de l'Est, ce que l'on peut considérer comme très exotique dans ce qui touche directement les Yardbirs, autres que disques ou photos.
                         
       
Bon celle là je la connaissais pas, du moins pour la pochette, bien qu'il existe des pressages turcs. Ici c'est un groupe local qui reprend "Over Under Sideways Down" par Izmir Ozel Karsiaka Lisesi, tout un programme. Il est vrai que sur les chemins de Katmandou, la Turquie était la porte de l'Orient et la première étape pour devenir un parfait junkie. Production discographique locale plus ou moins en symbiose avec les joints qui circulent.
 
   
Connaissez-vous Chaville? Pour ceux qui n'habitent pas sur Paris, il y a peu de chance que cette ville évoque immédiatement quelque chose. C'est une ville située dans la périphérie de la capitale. Figurez-vous qu'en 1967 eut lieu une Fête du Muguet, comme les autres années d'ailleurs. Vous imaginez bien que dans ce genre de fête on ne passe pas seulement son temps à respirer l'odeur des brins de muguet, mais à faire aussi la fête. La fête c'est aussi la musique. A ce niveau-là on ne pouvait pas dire que la ville faisait les choses à moitié si l'on en croit le programme. Eh oui, le dimanche 30 avril 1967 à 14h30 au stade municipal était annoncé, selon l'expression de l'époque, "un grand spectacle de jeunes". Les jeunes sont soignés car les spectacle présente à la même affiche, les Yardbirds, les 5 Gentlemen, Eddy Mitchell, Los Bravos, Percy Sledge, Nino Ferrer. Si certaines dates pour les concerts des Yardbirds sont floues, celle-là est attestée par un document officiel, le 30 avril 1967 les Yardbirds étaient en concert à Chaville!
Pour les spécialistes cette affiche est un musée de l'époque et demande un examen approfondi sur les secrets qu'elle recèle. Au premier abord on pourrait se demander si l'organisateur de l'époque était actionnaire de l'écurie Barclay. Je crois si ma mémoire est bonne que l'immense partie sinon tous, des artistes de l'affiche côté chanson, faisaient partie à cette époque du catalogue Barclay. Les Yardbirds, le 5 Gentlemen, Nino Ferrer, Guy Bonnet, pour Riviera. Eddy Mitchell, Los Bravos, Michel Sardou, Rachel, Jean Ferrat, Maurice Fanon, Hugues Aufray, Marjorie Noël, Cat & Maxim, Jean-Claude Annoux, Erik Montry, Michel Mallory, Noëlle Cordier, venus de chez Barclay. Percy Sledge indirectement, mais sa firme était représentée en France par le même homme au cigare. Avec un peu d'attention on remarque aussi que le nom de Michel Sardou était écrit comme un nom secondaire, il n'était de loin pas une grande vedette à cette époque. Le duo Cat et Maxim cache en fait Maxime Leforestier à ses débuts. Quelques artistes figurant à l'affiche étaient sur le déclin, Jean-Claude Annoux, décédé en 2004, qui reste surtout connu pour ses "Jeunes Loups"; Marjorie Noël, chanteuse yéyé de seconde zone, décédée en 2000; Rachel, un peu connue grâce à sa chanson fétiche "Le Chant De Mallory" qui figura à l'Eurovision; Erik Montry, qui n'a jamais vraiment décollé, mais qui fut assez populaire le temps de sa chanson "D'ombre Et De Soleil". A noter quand même la présence des excellents 5 Gentlemen, un groupe qui fait encore aujourd'hui la joie des collectionneurs francophones et même étrangers. Leur discographie, une vingtaine de titres tient bien la route. Ils figurent par deux fois, dans leur show et comme orchestre du bal de nuit.
En résumé et au niveau international, il n'y a qu'un nom qui a bien survécu et vous savez lequel.
 
A suivre